LEQUESNE (ou
LE QUESNE) Eugène Louis 15/02/1815 (Paris) -
03/06/1887 (Paris 8ème arrondissement)
Quand le sculpteur de La Bonne-Mère rencontre Morphy !
Après une formation de juriste, Eugène Louis Lequesne
entre en 1841 à l'Ecole Nationale des Beaux-arts où il est l'élève de
James Pradier un
des plus célèbres sculpteurs français de l'époque. Ses
œuvres lui vaudront de nombreux prix (1er prix de Rome en 1844, médaille
au salon de 1851, grand prix de sculpture à l'exposition universelle de
Paris de 1855 ...)
Il deviendra un artiste quasi-officiel du second empire.
Parmi ses œuvres les plus célèbres on note : les deux "Pégases" qui
ornent l'opéra de Paris, le "Faune Dansant" du jardin du Luxembourg ou
la célébrissime "Bonne-Mère" qui surplombe la basilique Notre Dame de la
Garde à Marseille.

La "Bonne-mère"
Outre ses talents de sculpteur, Eugène Louis Lequesne
était un des meilleurs joueurs amateurs parisiens pendant le second
empire. Il fut un visiteur régulier du café de la Régence pendant près
de 40 ans comme en attestent les écrits de l'époque:
LE
CERCLE DES ÉCHECS
Se tient au café de la Régence, a son histoire, son livre d'or, ses
légendes, son organe officiel, le Journal de la Régence, comme il
avait autrefois le Palamède.
Vingt fois désorganisé et réorganisé, ce cercle ne peut pas se classer
parmi ceux dont nous nous occupons : il n'y a pas association, c'est
l'échiquier qui réunit chaque soir les mêmes personnes, qui ne sont
liées entre elles par aucun traité, par aucun règlement.
Saint-Amand, Labourdonnais, Méry, le sculpteur
Lequesne, Journoud, en ont fait partie; c'est le conservatoire
des échecs, c'est là que, dans la
méditation, se préparent les joueurs qui doivent, en champ clos,
combattre contre l'Angleterre pour l'honneur du pays.
(Les Cercles de Paris. 1864 p.309)
Les joueurs dont on suit les parties avec le
plus d'attention sont : M. de Rosenthal, un Polonais ; M. Festhamel qui,
au Monde Illustré, à feu l'Opinion
Nationale, au Siècle, pose les
problèmes les plus difficiles ; M. le vicomte de Bornier ; d'après les
on-dit des connaisseurs, l'auteur de la Fille de Roland est, en peu de
temps, devenu d'une force remarquable ; M. Chaseray,
commissaire-priseur, qui se délasse des fatigues de l'Hôtel des Ventes
devant un échiquier ; le sculpteur Lequesne ; M. Baucher, fils du
professeur d'équitation ; M. Charles Jolliet, dont la voix emplit la
salle ; M. Auguste Jolliet, des Français, M. Prudhon du même théâtre ;
M. Séguin ; M. Charles Royer, un lettré qui a écrit, pour plusieurs
volumes de Lemerre, des préfaces très remarquables. M. Royer est le
neveu de M. Garnier-Pagès, dont on apercevait quelquefois à la
Régence les longs cheveux blancs retombant sur
son immense faux-col ; M. Maubant, de la Comédie-Française ; M.
de la Noue, gendre de l'ancien ministre de l'Empire, M. Billaut ; un
officier en retraite, M. Coulon, qui pousse ses pièces avec un
sang-froid tout militaire.
(Les cafés artistiques et littéraires de Paris.
1882)
Il participa à l'organisation de très nombreux événements
échiquéens parmi lesquels: le match Morphy-Harrwitz de 1858, le tournoi
de l'Empereur à Paris en 1867 (En 1867 il habitait Paris, 33 rue de
l'arcade). Il fut également compositeur de problèmes, juge lors de plusieurs concours
et il avait la réputation d'être l'un des meilleurs "résolveurs" de
problèmes de Paris.
Lors de la visite de Morphy il réalisa le buste du génie
américain qui fut exposé au Salon de 1859.
What
with the illustrated papers giving Morphy's portraits, no two of which
were ever alike, and the innumerable articles in the " dailies," he
began to be notorious. Saint Amant wrote that he supplied a want which
Paris had felt for a long time—the want of a hero. Monsieur
Lequesne requested him to sit for his
bust, and threw so much labor of love into the work, that he produced a chef d'oeuvre which all Paris went to criticize and to praise.
(Paul
Morphy the chess champion. F.Edge - 1859 p.153)

Le buste de Morphy, sculpté par Lequesne qui orna
longtemps le Café de la Régence en compagnie des bustes de Philidor et
de Labourdonnais.
Lequesne réalisa également un moulage de la main de
Morphy.

L'oeuvre de Lequesne en couverture de la revue
américaine Chess Life and Review de janvier 1976.
Il fut un des huit adversaires de Morphy lors de la
fameuse simultanée à l'aveugle du 27 septembre 1858. Evènement
considérable à l'époque qui attira l'attention de la presse du monde
entier.

La Presse du 28
septembre 1858.

Morphy jouant à l'aveugle huit parties au café de La
Régence. Le Monde Illustré du 16 octobre 1858.
Lequesne fut l'un des deux joueurs à annuler sa partie
contre le génial américain.

La partie dans l'ouvrage de Jean Préti Choix des
parties jouées par M. Paul Morphy (1859) - (en notation descriptive
comme d'usage à l'époque)

Jules Arnous de Rivière, pleure son ami décédé.
Paris Illustré
(18/06/1887)
Sources encyclopédiques:
- Chess Personalia - Jeremy Gaige (1987) p.246
Autres sources:
-
La Stratégie
(15/06/1887 ) p.196-197
- Chess
Monthly
(1886-87) p.324
- Columbia Chess Chronicle
(1887) p.31
- Paul
Morphy the Chess Champion, par Frederick Edge, (1859)
- Archives de Paris numérisées. Son acte de décès indique
que son nom s'orthographiait Le Quesne, alors que l'orthographe d'usage
Lequesne était beaucoup plus courante, que ce soit concernant ses
activités échiquéennes ou ses activités artistiques.
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