HERITAGE des ECHECS FRANCAIS

                        

    

Le très célèbre tableau réalisé en 1843 par Jean Henri Marlet

à l'occasion du match Saint Amant-Staunton.

Extrait du tableau de Jean Henri Marlet où figure un des Laroche ... mais lequel ?

 

                             

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LAROCHE Jean Adolphe ("De Bayonne")

10/05/1811 (Bayonne)  - 25/03/1866 (Bayonne)

Lors du 19ème siècle, pratiquement toute la vie échiquéenne française se concentre autour du café de la Régence. Au début de ce siècle deux joueurs nommés Laroche se distinguent à la Régence, ce qui ne facilite pas les recherches. Les revues de l'époque: Le Palamède, La Régence, La Nouvelle Régence, Le Sphinx, ne les différencient pas par leur prénoms, elles ont pris l'habitude de les appeler l'un "Laroche de Bayonne" et l'autre "Le Docteur Laroche". Les deux sont de bons joueurs, plus particulièrement Laroche de Bayonne qui sera considéré comme un des meilleurs joueurs français pendant une courte période.

Le recoupement des informations données dans les revues de l'époque avec des données généalogiques récemment mise en ligne permettent de mieux connaître ces joueurs.

On connaissait la date approximative de décès de Laroche de Bayonne par un court article du Sphinx daté du 15 mai 1866 (1):

Le Sphinx Volume 2 p.3

Par ailleurs, l'on savait que Laroche était retourné vivre de ses rentes dans sa ville d'origine en 1845: " M. Laroche est sur le point de quitter Paris pour aller se fixer définitivement à Bayonne sa ville natale" (2), "M. La Roche cet Ajax pyrénéen, capitalise maintenant une fortune aux rives de l'Adour ..." (3).

La consultation des registres d'état civil en ligne permet de trouver notre homme assez facilement (4), son acte de décès nous apprend qu'il est bien décédé dans sa ville natale mais qu'à la fin de sa vie, il résidait dans le petit village de Pey (département des Landes, à une quarantaine de km de Bayonne).

L'état civil le prénomme Jean Adolphe, mais il faut noter qu'il existe une référence non échiquéenne, un obscur recueil de nouvelles (5) qui le prénomme seulement Adolphe. Peut-être utilisait-il seulement son deuxième prénom.

Sur le Rail - Jules Noirac - (1863) p153

La première référence concernant sa carrière échiquéenne est une partie contre De Labourdonnais jouant sans voir en 1837 ou 1838 (6). De Labourdonnais le dénomme "Delaroche" et le qualifie de "jeune amateur qui donne les plus grands espérances". Il est probable qu'il s'agit bien de notre Laroche qui avait alors 26 ans (Le docteur Laroche avait 44 ans à la même date, ce n'est donc probablement pas de lui dont il s'agit). Dans un numéro suivant du Palamède (7) on peut consulter une liste de tous les adversaires que De Labourdonnais a rencontré à l'aveugle et Laroche y figure alors qu'on ne relève aucun Delaroche.

Après le décès de De Labourdonnais en 1840 et la quasi retraite de Saint Amant après son match perdu contre l'anglais Staunton en 1843, Laroche sera considéré comme le meilleur joueur français jusqu'à l'émergence d'Arnous de Rivière vers 1855-1860. 

Après son départ à Bayonne, il reviendra fréquemment à Paris pour des séjours plus ou moins longs. Dès 1846 Le Palamède se réjouit de sa visite et nous donne des indications sur son style de jeu: " Mr Laroche, de Bayonne, est venu passer un mois à Paris. Il fréquente assidûment le Cercle des Echecs, son ancien théâtre de gloire; ses parties contre les plus forts amateurs sont suivies par tous ceux qui apprécient la solidité d'un jeu érudit et classique, dont les modèles deviennent malheureusement de plus en plus rares". (8)

La solidité de son jeu est à nouveau évoquée une quinzaine d'année plus tard dans La Nouvelle Régence: "... Mr Laroche vient prendre place; c'est un maître, il est calme, l'esprit de combinaison brille dans ses yeux mêlé à une indomptable fermeté. Il ne court point les aventures, le petit monde que met en jeu sa science profonde ne commet jamais d'étourderies..." (9)

Les allers-retours entre Paris et Bayonne ont probablement nuit à son jeu et même si il semble être resté un joueur très solide toute sa vie, il ne peut soutenir la lutte contre les meilleurs joueurs de l'époque.

En 1858, il fait partie des nombreux amateurs qui sont opposés à Morphy lors de sa visite à Paris, entre les matchs que Morphy dispute contre Anderssen et Harrwitz. Il perd lourdement (+0 =2 -5) à force égale et perd également contre le même adversaire avec l'avantage d'un pion et du trait (+0 =3 -3) (10).

En 1860 il joue un petit match contre Anderssen, lorsque celui-ci visite le café de la Régence et perd de justesse (+2 =0 -3) (11)

Il est plus sévèrement dominé lors d'une série de parties contre Kolisch, également jouées à la Régence en 1860 (+1 =1 -4) (12).

 

 

 

Sources:

(1) Le Sphinx - Article de Benoist - (1866-67) Volume 2 p.3

(2) Le Palamède - (1845) p.524 puis le départ est confirmé p.568

(3) Le Palamède - (1846) p.18

(4) Etat Civil de la commune de Bayonne - Registre des naissances (1811) & décès (1866)

(5) Sur le Rail - Jules Noirac - (1863) p.153

(6) Le Palamède - (15 janvier 1838) Vol.2 p.483

(7) Le Palamède - (15 avril 1838) Vol.3 p.58

(8) Le Palamède - (1846) Vol.6 p.474

(9) La Nouvelle Régence - (janvier 1861) p.2

(10) The Exploits and Triumphs in Europe of Paul Morphy, the Chess Champion - Frederick Edge (1859) p.201

(11) La Nouvelle Régence (1860) p.137

(12) Illustrated London News - (9 mars 1861) p.229 & Bell's Life in London - (20 janvier et 14 avril 1861) peuvent laisser penser que cette rencontre a eu lieu en 1861. Mais Fabrizio Zavatarelli qui prépare un ouvrage sur Kolisch m'a indiqué qu'il s'agissait des mêmes parties que celles publiées en 1860 dans La Nouvelle Régence - (1860) p.110 ou Deutsche Schachzeitung - (1860) p.319

 

© Dominique Thimognier (Reproduction interdite sans autorisation)

     

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