HERITAGE des ECHECS FRANCAIS

                        

                      source: collection Etienne Cornil                              source: L'Echiquier de Paris (mars-avril 1950)        

 

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JOURNOUD Paul

18/01/1821 (Rive de Gier)  - 26/02/1882 (Paris 20ème arr.) 

Paul Journoud appartenait à une honorable famille lyonnaise, mais il n'est pas né à Lyon contrairement à ce qu'indique Jeremy Gaige (1), il est natif de Rive de Gier dans le département de La Loire (2).

Il se fit d'abord connaître en tant que joueur et l'on voit apparaître son nom pour la première fois dans La Régence de décembre 1849: "Parmi les combattants nouvellement enregistrés ... M. Journoud qui promet de devenir un émule dangereux". La prédiction s'avéra parfaitement justifiée et Journoud devint l'un des très bons joueurs de la Régence, sans toutefois jamais vraiment atteindre la première place.

Il eut l'occasion de rencontrer Morphy sur l'échiquier à plusieurs reprises, pendant ses visites à Paris en 1858 et 1859, il fut toujours battu. On relève juste une très belle victoire en collaboration avec Arnous de Rivière, en 1858 lors d'une partie d'exhibition (3).

En match, Il est battu par Arnous de Rivière en 1859 (-9 + 4 =2) (4).

Par la suite il s'illustrera surtout en tant que directeur de plusieurs revues d'échecs :

- La Régence (1860).

Il en est le directeur de janvier à décembre 1860.

Dans le numéro de décembre 1860 (5)

 Journoud annonce qu'il est maintenant non seulement le directeur, mais aussi le propriétaire de la revue et par conséquent il doit en changer le nom.

- La Nouvelle Régence (1861 à 1864).

Astucieusement, il ne fait qu'ajouter un mot au titre de la revue, afin de ne pas perturber ses lecteurs. Malgré ses efforts, la revue aura beaucoup de difficultés avec de très nombreux retards dans la livraison à ses abonnés qui ne sont pas assez nombreux pour la faire vivre correctement. La revue cesse de paraître début 1864, mais Journoud ne se décourage pas et il lance une autre publication avec l'aide de l'imprimeur Lahure.

- Le Palamède Français (1864 à 1865).

Le premier numéro est daté de septembre 1864, mais dès mars 1865, le nom de Journoud ne figure plus sur la couverture. Des querelles internes ont précipité son départ. Une nouvelle fois Journoud ne se décourage pas et dès le 1er avril 1865, il crée une nouvelle revue Le Sphinx. Le Palamède Français continuera sans lui jusqu'en décembre 1865, puis il disparut sous les sarcasmes de Journoud dans sa nouvelle publication.

- Le Sphinx (1865-1867)

La revue sera publiée deux fois par mois à partir du 1er avril 1865, mais dès la mi-1866 elle sera livrée à ses abonnés avec beaucoup de retard et à partir de fin 1866, la revue ne comporte plus de date, uniquement un numéro. Elle cessa de paraître avec son n°18 qui comporte des résultats du tournoi de l'Empereur qui a pris fin à Paris en juillet 1867. On indique aux lecteurs que Journoud est "appelé par des circonstances fortuites à des occupations d'un tout autre ordre". Journoud présente lui-même ses excuses et fait le bilan de son activité de rédacteur de périodiques échiquéens dans le dernier numéro du Sphinx (6):

L'historien Jean Buchet dans un article très complet dans L'Echiquier de Paris (7), loue sa ténacité et sa droiture parce qu'après la disparition du Sphinx, il mettra tout en œuvre pour que ses abonnés reçoivent en échange Le Philidorien, une création nouvelle de Camille Sanson. En fait ce que Jean Buchet ne sait pas, c'est que "l'événement inattendu" mentionné par Journoud dans ses excuses est tout à fait étonnant: il est en prison !

Il est en prison à Clichy pour dettes. A l'époque la prison de Clichy est très célèbre, car c'est ici que sont enfermés les gens sur lesquels s'exerce la "contrainte par corps". Une loi très controversée qui autorise l'enfermement des débiteurs. C'est de prison que Journoud écrit à un chroniqueur du Figaro qui s'étonne de ne pas le voir participer au grand tournoi de Paris en juin-juillet 1867.

Le Figaro (2 juillet 1867)

Journoud est en prison depuis cinq mois, pour une affaire de "vingt et quelques années", donc probablement pas liée à son activité de créateur de revues d'échecs. Une loi du 22 juillet 1867 mettra fin à la contrainte par corps pour les affaires commerciales et civiles et quelques jours plus tard, tous les pensionnaires de la prison de Clichy furent libérés.

 

Après l'arrêt brutal du Sphinx, Journoud ne dirigea plus de revue, en revanche il continua d'assurer pendant une quinzaine d'années la chronique du Monde Illustré. Chronique qu' il assura de 1861 à sa mort.

Sur la fin de sa vie, on trouve trace de la publication de deux livres sur la finance:

- La Clé de la Bourse (1874)

- L'Art de Bien Placer son Argent (1876)

Il décède en 1882. (8)

 

Sources:

(1) Chess Personalia - Jeremy Gaige (1987) p.197

(2) Site internet des archives départementales du département de La Loire.

(3) La Régence (1860) p.21

(4) La Régence (1860) p.12

(5) La Régence (1860) p.353

(6) Le Sphinx (1867) p.270

(7) L'Echiquier de Paris (mars-avril 1950) p.31

(8) La Stratégie - Article nécrologique (1882) p.86 qui sera repris par de nombreuses revues: British Chess Magazine (1882) p.177; Deutsche Schachzeitung (1882) p.141; Nuova Rivista Degli Scacchi (1882) p.106

 

 

 

 

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