HERITAGE des ECHECS FRANCAIS

 

source: The Glasgow Athenaeum (1897) p.96

 

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BARBIER Georges Emile

24/02/1844 (L'Isle-sur-le-Doubs)  - 17/12/1895  (Montaure)

Un français champion d'Ecosse !

Originaire de la région de Besançon, Georges Emile Barbier s'est installé au Royaume Uni vers les années 1875 en tant que professeur de français. Sa charge l'a conduit tout d'abord dans le Yorkshire puis à Londres et enfin à Glasgow vers 1884. A Glasgow il jouit d'une grande estime en tant que responsable du département Français d'un établissement scolaire réputé, l'Athenaeum. Un livre sur cette institution publié en 1897, le décrit comme un enseignant de talent, passionné par la littérature, plein d'humour et proche de ses étudiants.

Il consacre son temps libre au jeu d'échecs avec le même enthousiasme que l'enseignement. Il sera le président du Glasgow Chess Club, le rédacteur de la chronique échecs du Glasgow Weekly Citizen et aura également une petite activité en tant que compositeur de problèmes.

Il sera longtemps considéré comme un des meilleurs joueurs résidant en Ecosse. Il remporte le championnat d'Ecosse en 1886.

Il tombe malade fin 1895, revient en France pour se soigner, mais décède lors de son séjour, laissant beaucoup de regrets dans sa patrie d'adoption. Il est décédé à Montaure en Normandie, plus précisément dans le hameau d'Ecrosville.

Sa nécrologie dans le British Chess Magazine (1896) p.24-25:

"We regret to have to announce the death of M. Georges Emile Barbier, late of Glasgow, which took place in France, on the 17th December.

Although a Frenchman, M, Barbier spent many years in this country, during which time he was closely identified with both English and Scottish chess and his loss will be mourned by a wide circle of British players.

Something over twenty years ago, M. Barbier was appointed French tutor at Ripon Grammar School, and soon became identified with Yorkshire chess, and was for some years a constant attender at the various annual meetings of the West Yorkshire Chess Association, taking part in the first-class tournaments, and being a frequent prize winner.

Early in the eighties, M. Barbier removed to London, and forthwith joined of the Kentish Town Club — then one of the strong local clubs which competed for the Baldwin-Hoffer Trophy. M.Barbier did good service for his dub, and frequently acted as captain of the "A" team ; he and Mr. Thos. Physick being recognised as the strongest players of the club.

About the year 1884, M. Barbier left London for Glasgow, and took up the duties of Professor of French, at the Athenaeum. He speedily became identified with the Glasgow Club, and soon was recognised as one of its best players. He won the West of Scotland Cup several times, and it finally became his absolute property, by virtue of three consecutive successes. In 1886, M.Barbier won the first prize in the Scottish Chess Association Tournament, and thereby became the champion of Scotland for the year. For some years before his death M. Barbier ably conducted a chess column in the Glasgow Citizen. He was a man of fine literary ability, and many interesting articles from his pen have appeared in various chess magazines and columns. He was a problemist of more than average ability, and was a remarkably quick and accurate solver. In short he was a good all-round chess player, and his enthusiasm for the game was unbounded.

M. Barbier was a man of fine presence, with a round full face, an intelligent cast of countenance, his eye was bright, and his smile genial. He possessed no small share of that vivacity for which his countrymen are famed, and this he displayed in his conversation, which was bright and sparkling. As a player his style was brilliant; yet it must not be supposed he was a mere reckless or haphazard player, for with all his love of the daring and the brilliant, he never lost sight of the discreet and safe mode of procedure.

M. Barbier's health began seriously to fail during the summer of last year, and in November he went to France, hoping that his native air would restore his strength. He took up his residence in the little town of Ecrosville, but he unfortunately continued to sink until the end came, and he passed peacefully away on the 17th December, to the great regret of those who admired him as a chess-player and respected him as a man."

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Barbier et l'étude de Saavedra

Le nom de Barbier reste attaché à la naissance de l'étude qui est considérée comme la plus célèbre de l'histoire des échecs: l'étude de Saavedra.


Dans sa chronique du 27 avril 1895 dans le Glasgow Weekly Citizen, Barbier publie un article sur le joueur anglais William Norwood Potter décédé peu de temps auparavant. Il donne la fin d'une partie jouée par Potter contre Fenton (1876) et demande comment gagnent les Blancs.

Dans la chronique suivante, le 4 mai 1895, il présente une position légèrement remaniée avec la légende suivante: "Les Noirs jouent et font nulle. Basée sur la partie entre Messieurs Fenton et Potter".

Les Blancs menacent de promotionner et les Noirs vont essayer de les empêcher de faire une Dame, Barbier donne la solution suivante le 11 mai 1895:

1. ...  Td6+

2. Rb5 (si Rç5 alors Td1 avec l'idée Tç1 si les Blancs promotionnent) Td5+

3. Rb4 Td4+

4. Rb3 Td3+

5. Rç2 les Blancs ont d'abord soigneusement évité la colonne ç, mais maintenant la Tour noire ne peut plus effectuer la manœuvre de défense évoquée plus haut. Malgré tout les Noirs s'en sortent en jouant Td4 !!

6. ç8=D Tç4+ Nulle car si la nouvelle Dame blanche prend la Tour, les Noirs sont pat.

Mais surprise, le 18 mai il republie le même diagramme en modifiant l'énoncé: "Les Noirs jouent et les Blancs gagnent". Il indique qu'une solution très originale a été découverte par un membre du Glasgow Chess Club, le révérend espagnol Fernando Saavedra.

Enfin le 25 mai 1895, il donne la nouvelle solution:

jusqu'au 5ème coup la solution est la même, mais ensuite

6. ç8=T !!

Les Blancs sous-promotionnent en Tour et les Noirs n'ont plus l'astuce Tç4 échec, car TxT ne conduit plus au pat. Le matériel devient totalement égal, mais les Noirs sont perdus. Ils doivent se défendre contre la menace Ta8+ mat.

6. ...  Ta4

7. Rb3 gain.

Les Blancs menacent de prendre la Tour et de mater en jouant Tç1, il n'y a pas de défense. Barbier indiquera qu'il s'agit d'une des plus incroyables finales qu'il ait jamais vue.

L'énoncé habituel des études étant "Les Blancs jouent et gagnent" ou "Les Blancs jouent et font nulle", on trouvera le plus souvent l'étude de Saavedra sous cette forme:

Les Blancs jouent 1.ç7 et la suite est identique à la forme originelle par Barbier.

Bizarrement l'étude ne deviendra pas instantanément célèbre, elle le deviendra en 1902 suite à sa publication dans des revues allemande. Elle inspirera de multiples compositeurs qui reprendront le même thème.

 

Sources:

- Chess Personalia - Jeremy Gaige (1987) p.23 qui reprend des sources erronées concernant la date de décès: 16 décembre alors que l'état civil indique le 17 et Besançon comme ville de naissance alors qu'il est né à L'Isle sur Doubs. Etonnant au vu de la nécrologie du BCM de 1896 qui donnait la date et le lieu de décès exact.

- BCM - (1896) p.14 & p.24

- La Stratégie - (1896) p.22

- Chess Monthly - (1895-96) p.141

- The Glasgow Athenaeum - J. Lauder (1897) p.96

- Chess Scotland.com - Alan McGowan

 

Sources concernant l'étude de Saavedra:

- Tijdschrift van den Koninklijken Nederlandschen Schaakbond - Selman,John (novembre 1940) p.239-244

- Chess Curiosities - Krabbé,Tim  (1985) cet auteur rédige également un site internet. On retrouve des pages sur l'étude de Saavedra sur son site (1) (2)

- EG - Roycroft,John (octobre 1996) n°122 p.906-911 - Un article intitulé John Selman and Saavedra - Laying the story to rest.

- EG - Roycroft,John (janvier 2002) n°143 p.523-527 - Un article intitulé The Portefield Rynd affair qui démontre qu'en 1895 un joueur irlandais a essayé de s'attribuer la découverte de cette étude géniale au détriment de Barbier et Saavedra

- No Rook Unterned - Grondijs,Harry (2004)

- Les Blancs Jouent Fortissimo - Leconte, Maria et Jean Olivier (2014) p.49-53

- Chess Notes n° 5796 et 5805 - Winter,Edward

 

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