HERITAGE des ECHECS FRANCAIS

 

                               

Rossolimo en 1948                                                        Un Rossolimo moustachu 

    au moment de sa victoire au championnat de France                  dans la dernière partie de sa carrière       

 Les Echecs (novembre 1948)                                               photo: source inconnue

 

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ROSSOLIMO Nicolas

28/02/1910 (Kiev - Russie / aujourd'hui Ukraine) - 24/07/1975 (New York USA)

Champion de France en 1948. Maître International en 1950, Grand Maître International en 1953.

Eléments biographiques:

Il est né Nikolaï Spiridonovich Rossolimo, à Kiev d'un père d'origine grecque (Spiridon Rossolimo) et d'une mère russe (née Ksenia [Xenia] Nikolaevna Skugarevskaya). La famille Rossolimo est originaire de l'île de Kefalonia dans la mère Ionienne. Son père était un peintre russe de renom et son oncle Grigory Ivanovich Rossolimo est un très célèbre neurologue, encore de nos jours le "réflexe de Rossolimo" est utilisé dans les bilans neurologiques. Nicolas Rossolimo vit à Moscou jusqu'en 1929 avec sa mère alors que son père voyage beaucoup: en 1916 son père est directeur de l’Académie des Beaux Arts d’El Salvador en Amérique Centrale, vers 1920 après son arrivée a New York, il continue sa carrière de portraitiste dans son « Spiro Studio » sur Broadway.

En 1929 Nicolas émigre en France, après un bref passage à Prague, grâce à un passeport grec. Il s'installe à Paris avec sa mère et son frère. Durant la seconde guerre mondiale il s'engage dans l'armée américaine, revient à Paris après la guerre et obtient la citoyenneté française. Après son titre de champion de France en 1948, il souhaite se lancer dans l'aventure du professionnalisme. Il parcours l'Europe en remportant de nombreux succès. Il s'installe aux USA au printemps 1952 avec sa femme et son fils Alexander pour y rejoindre ses parents Spiridon et Xenia qui décèderont peu de temps après son arrivée. Très rapidement il s'aperçoit que vivre des échecs est très difficile aux USA, il est contraint de faire plusieurs métiers: il débarrasse les tables à l'hôtel Waldorf-Astoria, conduit un taxi new-yorkais ... Quand il gagne une splendide Buick d'une valeur de 2250 dollars en remportant l'US open 1955, il la revend bien vite.

Rossolimo vainqueur de l'US open reçoit son prix: une Buick !

photo: Chess Review (1955)

Personnage éclectique, il a enregistré un disque de chansons folkloriques russes, il était ceinture marron de judo. Il a également longuement tenu un "studio" d'échecs dans Greenwich Village, lieu de rencontre, boutique où il vendait des snacks, des livres et où l'on pouvait jouer contre lui pour quelques dollars. Il émigrera à nouveau brièvement en Espagne au début des années 1970 et ouvrira un nouveau "chess studio" sur la Costa del Sol, mais bien vite New York lui manque et il revient aux Etats Unis. Il décède à 65 ans en tombant dans un escalier mal éclairé, en rentrant d'une séance de parties nocturnes au Manhattan Chess Club, les circonstances exactes de cette chutes sont mal définies. Il est trouvé inconscient le 21 juillet 1975 et décèdera le 24 sans avoir repris conscience. Il est enterré au cimetière russe orthodoxe du New Jersey près de ses parents.

Un document émouvant: Vera la veuve de Nicolas Rossolimo fait paraître un encart publicitaire dans la revue Chess Review

pour indiquer qu'elle va continuer à tenir le "Rossolimo Chess Studio"

Chess Life & Review (octobre 1975)

Carrière échiquéenne:

Il appris à jouer très jeune à Moscou, mais sa carrière en compétition débute en France. Il fréquente assidument le café de la Régence et les cercles russes, notamment le cercle Potemkine. Ses premières armes sont effectuées dans les Championnats de Paris où il est 3ème ex-æquo en 1931. Il remportera 6 fois cette épreuve: 1933, 1935, 1936, 1947, 1948, 1949. Il remporte également les tournois internationaux de Paris 1937 et 1939.

Après un échec inattendu au championnat de France 1947 alors qu'il est l'ultra favori, il décide de travailler les ouvertures avec le maître Seneca. Il remporte le championnat de France dès l'année suivante. Cela sera sa dernière participation, par la suite il se consacre aux tournois internationaux aux 4 coins de l'Europe avec de très bons résultats, c'est la meilleure période de sa carrière. Il l'emporte à Hastings 1948-49, Southsea 1949, Gijon 1950, Southsea 1951, il est second à Bad Gastein 1948, Venise 1949, Heidelberg 1949, Hastings 1949-50, Beverwijk 1950, Hastings 1950-51 ...

Nicolas Rossolimo en 1950

Livre du tournoi d'Amsterdam 1950: Wereldschaak Toernooi Amsterdam (1950)  p.16-17

Deux grand joueurs français s'affrontant : Tartakower et Rossolimo

Livre du tournoi d'Amsterdam 1950: Wereldschaak Toernooi Amsterdam (1950)  p.128-129

Puis c'est l'installation aux USA début 1952 avec une vie difficile à un moment où les échecs ne sont pas très développés dans ce pays. il revient même brièvement à Paris en 1952-53, il gagne le Tournoi de Noël du club Caïssa 1952 et le tournoi de Beverwijk aux Pays-Bas en 1953.

Rossolimo en simultanée à Paris au club de Caïssa dans les années 50.

(Amicalement transmis par Joaquim Travesset et issu de sa collection personnelle )

Il repart s'installer aux USA en 1953. Le point d'orgue de sa carrière américaine, sera la victoire à l'US open de 1955 à Long Beach. Il participera à plusieurs championnats des USA sans y obtenir de bons résultats, son meilleur classement est 6ème en 1965.

Vainqueur de l'US open, Rossolimo apparaît en couverture de la grande revue américaine Chess Review (octobre 1955)

Il a joué pour la France à l'olympiade de Dubrovnik 1950, puis pour les USA à 3 olympiades (1958-1960-1966), et à nouveau pour la France à l'olympiade de Skopje en 1972 alors qu'il vivait aux Etats-Unis.

Son style de jeu était "romantique", ses parties sont remplies de combinaisons brillantes et lui valurent de nombreux prix de beauté. Voici ce que dit de lui l'ancien champion du monde Hollandais Max Euwe après sa victoire au tournoi de Beverwijk 1953:

"Rossolimo est un artiste, de manière appropriée il l'est en conformité avec sa conception du jeu d'échecs. Il s'assoit derrière un échiquier avec l'inspiration d'un peintre, la réceptivité d'un poète, l'abandon d'un virtuose et la détermination tenace d'un sculpteur." (traduction personnelle)

Il a souvent développé des variantes d'ouvertures personnelles et son nom reste attaché à une variante de la défense sicilienne (1.e4 ç5 2.Cf3 Cç6 3.Fb5). Il est l'auteur d'un recueil d'études et de fins de parties : Les échecs au coin du feu (1947), où il fait figurer des positions issues de ses parties et quelques études qu'il a composées.

Sources encyclopédiques:

- Chess Personalia - Jeremy Gaige (1987) p.362

- Dictionnaire des échecs - François Le Lionnais et Ernst Maget (1974) p.340

- The Oxford Companion to Chess - David Hooper et Kenneth Whyld  (1992) p.344

- Le Guide des Echecs - Nicolas Giffard et Alain Biénabe (1993) p.828

Autres sources:

- Sports Illustrated - (septembre 1955)

- Europe Echecs - article nécrologique Roland Lecomte (septembre-octobre 1975) p.236

- Chess Review - article de Max Euwe (juin 1953) p.174 / texte original :

"Rossolimo is an artist, appropriately so in conformity with his conception of the game of chess. He seats himself behind the board with the inspiration of the painter, the receptivity of the poet, the abandon of the virtuoso and the purposeful determination of the sculptor."

- Chess Life & Review - article nécrologique (septembre 1975) p.571

- Chess Life & Review - Hommage de Pal Benko (octobre 1975) p.647

- Eléments biographiques fournis par Alexander Rossolimo son fils, et aimablement transmis par Alain Pallier.

 

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