HERITAGE des ECHECS FRANCAIS | ||
Muffang en 1944. Caissa Communication n°5 (1944)
|
![]() ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() ![]()
|
MUFFANG André [Léon René] 25/07/1897 (Saint-Brieuc) - 01/03/1989 (Paris 15ème arrondissement) André Muffang avait un grand talent, très précoce. En 1914, alors qu'il n'a que 16 ans, et qu'il est élève en mathématiques spéciales au lycée Saint Louis, il joua une partie d'exhibition contre Capablanca de passage à Paris et gagna le championnat du Café de la Régence. En tant que champion de la Régence, il fut invité au championnat de France des amateurs à Lyon et termina 5ème. Il s'engage lors de la première guerre mondiale pendant laquelle il se distingue : "M. André Muffang, le joueur émérite de la Régence actuellement sous-lieutenant au 102ème d'artillerie, vient de recevoir la croix de guerre avec la citation suivante : ''Engagé volontaire avec la classe 1915, bien qu'appartenant à la classe 1917, a fait preuve depuis son arrivée sur le front des plus belles qualités d'initiative et de sang-froid. Est un auxiliaire précieux pour son commandant de batterie qu'il seconde avec un inlassable dévouement.'' La Stratégie (décembre 1916). En 1919, il est lieutenant d'artillerie à Strasbourg, et prépare Polytechnique, il ne peut vraiment se consacrer aux échecs jusqu'à sa sortie de Polytechnique en 1922. Au début des années 1920, il joue quelques parties contre des maîtres en visite à Paris: il annule contre Kostic dans un petit match en 1920 (+1-1=0), il bat Capablanca dans une simultanée à la pendule en 1922, et il perd contre Alekhine dans un petit match en 1923 (+0-2=0). En 1922 et 1923, il se consacre un peu plus aux échecs et ses bons résultats lui valent deux invitations pour jouer à l'étranger. En 1922, il gagne un des tournois annexes du congrès de la British Chess Federation. En 1923, il termine deuxième ex-æquo du tournoi international de Margate avec Alekhine, Bogoljubow et Mitchell derrière Grünfeld, mais devant Réti. Il gagne le tournoi de blitz qui clot le tournoi devant Alekhine ! Cela donne une idée du niveau qu'il aurait pu atteindre s'il avait donné la priorité aux échecs. En 1923, alors que la jeune Fédération Française des Echecs cherche à promouvoir le jeu, il participe à une célèbre partie d'échecs vivants à Compiègne, dans laquelle il est opposé à Edouard Pape. Toujours en 1923, il participe au premier championnat de France. Alors que tout le monde prévoit une victoire facile après son exploit au tournoi de Margate, il est devancé par Renaud. Dans sa colonne de L'Eclaireur de Nice, Renaud reconnait qu'il est pourtant un joueur bien moins talentueux que Muffang: "Je suis champion de France. Je ne voudrais point que ce titre abusât les nombreuses personnes qui - quelques unes d'ailleurs avec un air mi figue mi raisin - m'ont adressé leurs félicitations. Cela signifie simplement qu'arrivé à Paris dans de bonnes conditions de forme, aidé d'encouragements précieux et de chaudes sympathies, favorisé également par la chance qui, dans toute complétion joue un rôle, j'ai gagné le tournoi. Mais je tiens à déclarer bien haut que le meilleur joueur français est André Muffang. C'est sur lui que nous devons compter pour nous représenter dans les tournois internationaux. C'est lui qui soutiendra le renom français. Joueur de très grand talent, il est loin d'avoir donné la mesure de sa force. Sa jeunesse, sa culture générale, son sûr jugement de la position, son imagination brillante dans le jeu de combinaison, sa rapidité de perception dans la partie éclair font de lui un véritable joueur et, comme l'a dit Alekhine: un maître." Par la suite il jouera très peu, donnant la priorité à sa carrière d'ingénieur. Il participera à quelques championnats de France et jouera pour l'équipe de France lors de rencontres internationales par équipes. Il n'aura bizarrement que peu de réussite en championnat de France: une seule victoire en 1931 à Lille, il avait pu participer cette année là, car à cette époque il habitait Valenciennes.
La Vie Rennaise. (vers 1925)
Il participa à quatre olympiades avec l'équipe de France: Londres 1927, La Haye 1928, Varsovie 1935, Moscou 1956. A l'olympiade de La Haye en 1928, il obtient le deuxième meilleur pourcentage tous échiquiers confondus: 78,1 %, en terminant invaincu (+9-0=7). Dans un article d'Europe Echecs, Boutteville raconte ses souvenirs de cette période et dit de lui: "Je pense que Muffang est le meilleur joueur français que l'on ait jamais eu", sous-entendu probablement, le meilleur joueur non-naturalisé. Major de l'école des Mines, polytechnicien, il fera toute sa carrière dans la haute administration des Ponts-et-Chaussées. Il jouera un grand rôle dans la période d'après guerre, lors de la reconstruction de la France. Après 30 ans dans l'administration, il poursuivit sa carrière dans le privé où il occupa toujours des postes à hautes responsabilités. Il a été nommé Maître International par la FIDE en 1951. Il sera le délégué français à plusieurs congrès de la FIDE dans les années soixante. Il maintiendra son intérêt pour les échecs à ses vieux jours, malgré une cécité quasi complète à la fin de sa vie Il possédait une bibliothèque d'échecs exceptionnelle qui a été vendue au enchères à Drouot en juin 1991.
André Muffang à un congrès de la FIDE en 1967. Photo Sylvain Zinser Europe Echecs (juillet-août 1989) p.456
Sources encyclopédiques: - Chess Personalia - Jeremy Gaige (1987) p.293 - Dictionnaire des Echecs - François Le Lionnais et Ernst Maget (1974) p.265 - Le Nouveau Guide des Echecs - Nicolas Giffard et Alain Biénabe (2009) p.861 Autres sources: - Les Cahiers de L'Echiquier Français - Gaston Legrain (1932) 28ème cahier p.363 - Caissa Communication (1944) n°5 p.2 - Europe Echecs - Roland Lecomte (juin 1989) p.432 - Europe Echecs - Roland Lecomte & Jacques Le Monnier (juillet-août 1989) p.456
|