Janowski-Mieses Paris 1895
 

 

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Janowski-Mieses Paris 1895
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Paris 1954-55

 

 

 
    1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 score
1 Mieses,Jacques 0 0 1 0 ½ 1 1 1 1 ½ 0 0 0 1 7
2 Janowski,Dawid Markelowicz 1 1 0 1 ½ 0 0 0 0 ½ 1 1 1 0 7

 

Dates 8 au 19 janvier 1895
Lieu de jeu Le café de la Régence
Club organisateur  
Président comité  
Arbitre Clerc,Albert & Préti,Numa / Témoins : Antoniadi et Néron & Fraenkel et Silbert
Prix de beauté  
Sources examinées Chronique du journal Le Matin janvier-février 1985 / La Stratégie janvier-février 1895

 

            

Dawid Janowski                               Jacques Mieses 

Le café de La Régence était un peu en sommeil depuis quelques années, pas de grande rencontre organisée depuis le match Arnous de Rivière-Chigorin en 1883. C'est pourquoi ce match suscita un grand intérêt. Il oppose deux jeunes joueurs en pleine progression, Janowski a 26 ans et Mieses 29 ans. Nous allons suivre le déroulement du match au travers de la chronique du journal parisien Le Matin (1).

Le Matin donnera un compte-rendu quasi quotidien, avec quelques parties analysées. La presse échiquéenne du monde entier suivra le match. Voici les parties avec les analyses d'époque (2) soit du Matin, de La Stratégie, du British Chess Magazine, ou encore du Deutsche Schachzeitung.

Mieses est engagé dans un "tour d'Europe" il est attendu en provenance de la Russie où il a fait forte impression. On note que les parieurs sont admis dans la salle de jeu !

A l'arrivée de Mieses on détermine les conditions du match. Une des conditions ne figurant pas dans le résumé du Matin est assez étonnante : le vainqueur doit gagner sept parties, mais si les deux joueurs sont à 6-6 le match est déclaré nul.

Le match démarre le 7 janvier 1895, il va démarrer par deux défaites d'entrée pour Mieses.

La deuxième est particulièrement cruelle pour Mieses qui se fait mater en 21 coups avec les Blancs.

Mieses se remet de son départ timide en gagnant La troisième partie avec les Noirs.

Janowski reprend 2 points d'avance en gagnant la quatrième avec les Noirs.

Première nulle du match, Janowski rate l'occasion de se détacher encore plus. La Stratégie écrira : "... Après les premières parties, gagnées facilement par M. Janowski, il semblait que la victoire ne pouvait lui être disputée, mais la 5ème partie qu'il devait gagner et qu'il a fait nulle lui a causé un grand dépit. Ceci joint à l'émotion bien naturelle d'un premier match sérieux, l'a rendu nerveux ..."

Le match va ensuite entrer dans une période noire pour Janowski qui va perdre 4 parties d'affilée.

Janowski parvient à arrêter l'hémorragie en annulant la dixième. Cette dixième partie va être marquée par deux incidents qui sont racontés par La Stratégie :

"... au moment où M.Janowski a joué son 54ème coup, M.Mieses a déclaré que le temps était dépassé. Constatation faite par les témoins il était reconnu que M.Janowski avait excédé son temps d'un quart de minute. Les arbitres consultés ont décidé que M.Mieses avait le droit de réclamer la partie, toutefois il lui ont conseillé de ne pas user de ce droit, attendu que la position de la pendule expliquait l'erreur; du côté de M.Janowski l'aiguille ne semblait pas avoir dépassé l'heure, tandis que de l'autre côté, comme le croyait M.Mieses il semblait qu'il y avait plus d'une minute. (3) M.Mieses ayant suivi le conseil des arbitres, la partie a été continuée après une interruption d'une heure environ..."

Force est de constater que Mieses a été très conciliant sur cet incident.

Un nouvel incident aura lieu au 65ème coup. Janowski a deux cavaliers contre deux pions à Mieses, qui va demander alors à être maté en moins de 50 coups selon la règle en vigueur dans les tournois internationaux. Protestations de Janowski car en France l'usage est d'accorder 60 coups pour mater. A l'époque il n'existe aucune règle unanimement reconnue. Les témoins proposent de continuer en comptant les coups et de confier la décision aux arbitres plus tard. Au 78ème coup Janowski prend un des deux pions ce qui relance le décompte. Soixante coups plus tard (en fait au 137ème coup selon La Stratégie, et au 138ème selon Le Matin) Janowski n'a pas maté, la position est une nullité évidente, au point que les derniers coups de la partie ne seront jamais publiés, la partie fut déclarée nulle.

Les incidents de la 10ème partie vont sûrement jouer un grand rôle, car Mieses qui a le match en mains va perdre les 3 partie suivantes.

Janowski menant 6 victoires à 5 est à une partie du gain du match, mais c'est Mieses qui égalise dans la quatorzième. Selon les conditions du match, à 6-6 le match est déclaré nul.

Mieses termine son séjour parisien par quelques exhibitions, puis continue son tour d'Europe vers Londres et Glasgow.

Pour information, à Londres Mieses sera sévèrement battu par Teichmann (+1 -4 =1) et à Glasgow il l'emportera sur Taubenhaus (+2 -1 =2)

 

(1) Malheureusement je n'ai pas pu déterminer qui est l'auteur de cette chronique dans Le Matin. Elle débute en octobre 1894 et prendra fin en juillet 1895, elle ne sera jamais signée.

(2) Les analyses sont dans la langue d'origine pour le BCM et le DS. Quelques annotations en "descriptive" ont été modernisées pour faciliter la compréhension.

(3) Pour rappel, à l'époque les pendules doubles n'avaient pas de drapeau. (Les premières pendules ont été utilisées au tournoi de Londres en 1883 semble-t-il)

 

 

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